Mes racines
Faute de travail, la population italienne, dans les années suivant la seconde guerre mondiale, se déplace vers la France, l’Allemagne ou les Etats-Unis.
Mon père, Onofrio, est arrivé en France le 18 Juillet 1956, laissant ma mère, Isabella, mon frère, Angelo et ma sœur, Lucrezia, à Molfetta, dans la province de Bari.
Tailleur de pierre et maçon, mon père trouve du travail en France et s’adapte à la vie locale.
Le 14 Mars 1961, il fait venir le reste de sa famille, à Villeneuve les Avignon. Une autre vie commence… Je suis né ensuite en 1962. Mon prénom, Francesco, me vient de mon grand-père maternel, que j’aimais beaucoup et que je ne voyais que tous les deux ans. A l’époque, les prénoms étaient francisés. Je suis donc déclaré en France avec le prénom de François et à Molfetta, avec celui de Francesco…
Mes parents économisaient pendant un an, afin de pouvoir tous nous emmener en vacances à Molfetta, l’année d’après. Le voyage en train était long et pénible. 24 heures de train et 3 ou quatre changements, les contrôles à la douane, qui nous impressionnaient… Mais qu’est-ce que j’étais heureux d’aller en Italie !… Trois semaines, les seules de l’année où mon père prenait le temps de se reposer. Nous restions tous en famille, avec les sœurs de ma mère, mes oncles et mes cousins. Mes vacances étaient magnifiques ! Le matin, j’apportais le petit déjeuner à mon grand-père, tailleur de pierre. Quand j’arrivais sur son lieu de travail, il était seul, assis, à ajuster inlassablement les pierres et j’ai encore à l’oreille les bruits du marteau sur l’aiguille, tic, tic, tic… Il était heureux de me voir. J’étais le premier de ses petits-fils à porter son prénom ! Nous échangions quelques paroles en dialecte Molfettese et je repartais… Que de souvenirs de ces belles tablées familiales, qui s’agrandissaient au fur et à mesure des années…
C’était également l’occasion pour moi de participer aux tâches quotidiennes, la préparation du coulis de tomate, le séchage des tomates au soleil, le ramassage des amandes et des figues sur les terrains de mes oncles, et bien sûr, l’entretien des oliviers. Car dans les Pouilles, les oliviers s’étendent à perte de vue. La production de l’huile d’olive est une des principales ressources de la région. Ces activités me remplissaient de joie. Le soir, nous allions nous promener en bord de mer, manger une glace sur le port ou déguster la focaccia…
J’ai donc grandi avec cette culture italienne, avec ses excès, les éclats de voix, les gestes vifs, les odeurs et les saveurs typiques de ses recettes traditionnelles, le soleil, la mer, les oliviers, Molfetta, ma famille…
Depuis des années déjà, j’avais en tête le projet de faire partager l’amour de mon pays d’origine, avec toutes ses richesses culinaires et la qualité de sa cuisine, je voulais faire connaître la cuisine de mes tantes. Petit à petit, j’en viens à en parler avec mon cousin germain, Francesco, second du nom. Il est le seul à pouvoir m’aider dans ce projet, à me soutenir et surtout à être le lien sur place, à Molfetta. Grâce à lui, nous nous mettons petit à petit en relation avec des fournisseurs, choisis pour leur sérieux, la qualité artisanale de leurs produits, la fraîcheur de leurs matières premières et leur passion pour leur terroir. En Février 2015, je crée avec le soutien de mon épouse, Onolina da Francesco, choisi avec les trois premières lettres du prénom de mon père, suivies du diminutif du prénom de ma mère, aux couleurs du drapeau italien.
Cette petite entreprise nous permet de garder des liens forts avec l’Italie et notre famille italienne. Aucun produit n’est sélectionné avant d’avoir eu le verdict de ma mère. Son avis sur les produits que nous choisissons est très important ! Quand elle me dit en dialecte, « mon fils, c’est comme à la maison, c’est bon », nous voilà sûrs que l’objectif est atteint, vous proposer de découvrir les recettes traditionnelles de la Puglia, nous l’espérons, pour le plus grand plaisir de vos papilles !